HISTOIRE DE LA CARTE POSTALE

                                          Historique de la carte postale     http://archives.cotesdarmor.fr/index.php?page=cartes-postales

La première carte postale fut éditée en Autriche en 1869 (format : 9 x 13 cm). Vingt ans plus tard, en 1889, une carte postale illustrée d’un dessin fut imprimée au premier étage de la Tour Eiffel, à l'occasion de l'Exposition Universelle de Paris. De 1900 à 1914, la carte postale connut un essor important (on parle même à cet égard de "L'Âge d’Or de la carte postale"). Les nombreux éditeurs encourageaient la photographie dans tous les bourgs de France avec de très nombreux clichés sur les monuments ou des vues générales, nous laissant ainsi en héritage un formidable témoignage sur une France encore essentiellement rurale. Entre 1910 et 1914, la production française passa ainsi de 100 millions de cartes éditées à 800 millions. Le déclin de la carte postale commença au lendemain de la Première guerre mondiale, concurrencée alors par le téléphone. Dans les années 1950-1970, la carte postale passa au format 10,5 x 15 cm et la couleur s’imposa. Elle devint durant cette période un « marqueur social » voyageant de l’expéditeur (qui a les moyen de partir en vacances) vers le destinataire (valorisé par cette missive amicale qu’il affiche pour la mettre en évidence). Enfin, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle les cartes postales anciennes ressortent des greniers et s’installent comme nouvelle vedette des collections, passionnant des dizaines de milliers d’amateurs (d'après la Revue française de généalogie et d'histoire des familles, n° 164, juin-juillet 2006, p

 

Petite histoire de la carte postale

 

http://www.cartophilie-viroflay.org/article.php?id_article=33

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Vous trouverez ici l’ébauche d’une histoire de la carte postale, de ses techniques de fabrication et des méthodes de datation. Cette première version est succincte et s’enrichira progressivement, notamment de reproductions à titre d’exemples.

 

Histoire

Les origines

On s’accorde à penser que les gens aisés communiquaient depuis le XVII° siècle avec des cartons portés par leurs domestiques. La tradition s’est prolongée au XIX°, quand une simple carte valait invitation en ville, ou remerciement -obligatoire- pour une invitation passée. C’est probablement l’origine du terme carte de visite. Il est cependant apparu le besoin de communiquer des informations plus personnelles ou plus complètes. C’est en 1869 en Autriche qu’on note la première codification de ce mode d’échange par Hermann. La carte postale est alors « un rectangle de papier résistant dont le recto est imprimé d’un texte administratif et de la reproduction d’un timbre - le verso est réservé à la correspondance qui circulera au grand jour. »  Mais ceci tranche avec le séculaire secret de la correspondance et le concept de carte postale ne séduira pas immédiatement le reste de l’Europe. L’année suivante, la guerre motive l’allègement des correspondances et l’examen facile par la censure ; on autorise l’échange de simples cartons au fameux format 10x15cm. Un libraire de la Sarthe, Léon Besnardeau, aurait proposé aux soldats de l’armée de Bretagne, bénéficiant de la franchise postale, des cartes réalisées à partir de couvertures de cahiers découpées. Le 20 Décembre 1872 la loi officialise la carte postale française non illustrée. En 1878, l’Union Postale Universelle fixe le format 9x14cm. L’exposition universelle de 1889 à Paris, avec ses foules de visiteurs, voit le premier grand tirage : une carte de la Tour Eiffel, gravée par Léon Charles LIBONIS, est émise à 300.000 exemplaires. Peu après, en 1891, la première carte postale photographique est tirée à Marseille par Dominique PIAZZA. L’idée se répand et les coûts baissent rapidement.

L’âge l’or

Revenue à Paris en 1900, l’Exposition universelle marque l’explosion de l’usage de la carte postale. La production passe de 100 millions en 1910 à 800 millions en 1914, voire à plusieurs milliards selon certaines sources.

Belle carte coloriée
Belle carte coloriée "précurseur" de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris (coll. part.)

L’examen des correspondance montre une grande proportion de simples salutations ou une « poignée de main » (à cause d’un tarif réduit pour 5 mots), de souvenirs d’excursion dominicale en banlieue et de « bonnes nouvelles » données après un voyage en train.

La crue de la Seine à l’hiver 1910 montre à l’extrême le rôle journalistique quasi quotidien tenu par la carte postale. Accidents de train ou d’autobus, manifestation, grèves, visite de chef d’état, obsèques officielles, essais d’aéroplanes ou d’aérostats font bonne figure face aux scènes de rue, aux panoramas, aux monuments ou aux commerçants posant devant leur boutique. On se donne alors rendez-vous pour le lendemain par carte postale ! Les populations voyageaient plus qu’on ne l’imagine et toute l’Europe figure sur les cartes - Allemagne, Autriche, Suisse, Italie, Angleterre. Les vœux s’adressent maintenant par carte mais ces petits cartons portent aussi la marque de l’humour, de la fantaisie voire de la caricature, du pamphlet politique ou de la grivoiserie. Ces derniers aspects valent parfois des ennuis aux éditeurs.

Le Pont de l’Alma le 27 janvier 1910. (coll. part.)
Le Pont de l’Alma le 27 janvier 1910. (coll. part.)

La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Ici au Pont Neuf. Dans l’axe, les magasins de la Samaritaine en construction. Le nom vient de celui de la fontaine qui pompait l’eau de la Seine à l’extrémité du pont. (coll. part.)
La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Ici au Pont Neuf. Dans l’axe, les magasins de la Samaritaine en construction. Le nom vient de celui de la fontaine qui pompait l’eau de la Seine à l’extrémité du pont. (coll. part.)

La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Autre vue du Pont Neuf. Dans l’axe les magasins de la Samaritaine en construction. (coll. part.)
La Seine à son maximum le 28 janvier 1910. Autre vue du Pont Neuf. Dans l’axe les magasins de la Samaritaine en construction. (coll. part.)

En amont, au pont de Sully, la Seine à son maximum. Des soldats tentent de dégager des arbres qui gènent le passage des flots dans l’arche qui surplombe le quai Saint Bernard. (coll. part.)
En amont, au pont de Sully, la Seine à son maximum. Des soldats tentent de dégager des arbres qui gènent le passage des flots dans l’arche qui surplombe le quai Saint Bernard. (coll. part.)

Outre le record de fin janvier 1910, cette carte nous apprend que Paris a subi bien des crues exceptionnelles (coll. part.)
Outre le record de fin janvier 1910, cette carte nous apprend que Paris a subi bien des crues exceptionnelles (coll. part.)

Une image célèbre, la locomotive ayant traversé la gare de Montparnasse pour finir sur la place de Rennes. (coll. part.)
Une image célèbre, la locomotive ayant traversé la gare de Montparnasse pour finir sur la place de Rennes. (coll. part.)

La première guerre mondiale donne un nouvel élan à l’échange de cartes postales alors que des millions d’hommes sont éloignés de leurs familles. Malgré la censure, c’est le seul lien qui permet au soldat de recevoir des nouvelles des siens et de prouver qu’il encore en vie, souvent au jour, le jour avec un pauvre crayon de bois. Les illustrations sont convenues ou de claires propagandes mais l’essentiel est dans la correspondance. Les cartes postées à Viroflay, avec ses nombreux cantonnements et centres de convalescence, ne sont pas soumises à la même censure qu’au front, et donnent beaucoup de détails sur la vie quotidienne et le moral.    A la différence de nous, qui connaissons la date de fin de la guerre, les éditeurs ne pouvaient la prédire. Aussi vit-on une évolution des légendes : Campagne de 1914, Guerre de 1914, Guerre internationale, Guerre de 1914-1915, Grande Guerre 1914-1917, Guerre 1914-1918.

La Grande Guerre 1914 (coll. part.)
La Grande Guerre 1914 (coll. part.)

La Grande Guerre 1914-15. (coll. part.)
La Grande Guerre 1914-15. (coll. part.)

La Grande Guerre 1914-17 (coll. part.)
La Grande Guerre 1914-17 (coll. part.)

Le déclin

Comme pour tourner la page après ces années terribles, la population semble se détourner des cartes postales dans les années 20. Le rapprochement des familles, la concurrence croissante du téléphone et du télégraphe, l’usage de la photographie dans la presse, le développement de l’automobile, tout contribue à rendre vieillot ce mode d’échange. Le déclin est particulièrement sensible après les années 30 et leurs cartes sépia qui sont d’ailleurs souvent de moindre qualité que les devancières. La crise économique puis la seconde guerre mondiale ont achevé cette descente sur toute l’Europe. Sous l’Occupation, les cartes sont souvent des retirages de cartes anciennes ; il est obligatoire de mentionner l’adresse complète de l’expéditeur dans un cartouche.

L’usage de la photo en noir et blanc vers 1955 puis l’apparition de la couleur pendant les années 60 n’arriveront pas à relancer durablement l’usage de la carte postale. L’habitude est perdue.

Le renouveau

A partir de 1975, la carte postale ancienne est appréciée car elle est le témoin d’une époque révolue. Vieux métiers, sites, immeubles, les cartes postales passionnent les citadins qui ont presque tous des racines dans des petits villages. Clubs et marchands s’organisent pour recueillir et recenser ces cartes qui dorment dans des boîtes à chaussure, à la cave ou au grenier. En parallèle, une carte postale touristique limitée se maintient, cantonnée aux monuments principaux. Un effort aussi est fait par des artistes, illustrateurs graphiques, photographes, etc. qui composent sur des thèmes très variés.

Un nouveau déclin. Quel avenir ?

Alors que les stocks de cartes inexploités se raréfient dans les caves et les greniers, l’électronique envahit nos vies. Nous sommes, dit-on, dans la société de l’information, mais ne serions-nous pas plutôt dans celle de l’immédiateté ? Téléphone, fax, courrier électronique, films vidéo, permettent des échanges qui sont certes plaisants mais souvent insignifiants, parcellaires. Certes on est prêt à écrire - à pianoter en fait - et c’est bien, mais utiliser la carte postale prend du temps, à acheter, à écrire, à poster, à acheminer. C’est trop ...

Quelle trace restera-t-il des ces tranches de vie après quelques années, probablement rien : mémoires effacées, pannes dévastatrices, virus paralysants, systèmes incompatibles ou obsolètes ?  Il faut savoir que le CD ou le DVD sont des supports fragiles dont la durée de vie est courte (quelques années) et qu’une seule erreur peut empêcher la récupération d’une image. On peut toujours imaginer des moyens de rafraichissement des fonds documentaires électronique, mais qui le fera chez lui assez souvent, qui provisionnera le coût du maintien d’une base de données ? Il est à craindre que les historiens du futur soient bien en peine de documents de la valeur de nos chères cartes postales.

Techniques

Le support

On a vu que le support en carton, ou en papier fort, a été le choix des pionniers. Au long du temps, ce carton a changé d’aspect principalement selon les techniques d’imprimerie ou de photographie. Souvent il s’agit d’un sandwich de feuilles très minces entre collées, le papier fin ou glacé étant réservé au support imagé. Signalons aussi les cartes imprimées sur calque, brodées sur une gaze, en carton métallisé, en aluminium ou en cuivre repoussé.

La phototypie

La photographie sur plaque ayant atteint sa maturité vers 1900, les éditeurs pouvaient envoyer des opérateurs dans le moindre village. Ces négatifs servaient ensuite à fabriquer des phototypes en gélatine aptes à retenir sélectivement l’encre et à réaliser des impressions de très haute qualité, sans tramage. La simili-gravure, donnant une image tramée, est certes séduisante dans l’aspect général mais les détails sont mal rendus et ne permettent pas une utilisation des agrandissements.

La photographie

Les années 50 ont vu la sortie de tirages photographiques noir et blanc, petit et grand format, très souvent à bords dentelés. Avec le temps ces tirages ont tendance à bomber.

La couleur

La carte postale ancienne est en noir et blanc. Les cartes anciennes en couleur sont des cartes coloriées par l’éditeur pendant l’élaboration. La carte noir et blanc peut être transformée en monochrome, c’est-à-dire que la photo noir et blanc est développée en sépia, en bleu ou en vert. Il faudra attendre les années 60 pour voir sortir des tirages en couleur en quadrichromie, comme dans la presse.

La carte-photo

Lorsqu’un grand tirage n’est pas envisagé, par exemple une scène familiale, un groupe de conscrits, un militaire posant, un fait-divers, la carte ancienne peut être une photo véritable dont le tirage est contre-collé sur un dos de carte. C’est la carte photo. Ces cartes-photos, par essence rares, sont très recherchées des collectionneurs. Cependant les grains d’argent ont tendance à grossir en surface et les tons noirs deviennent irisé et blanchâtres.

Datation

Le support

Ainsi qu’on l’a vu, le type de support peut renseigner sur la date de fabrication, par exemple les dos verts, le carton crème, le carton à bord dentelé. -  de 1870 à 1889, les précurseurs sont des cartes non illustrées -  les premières et rares cartes illustrées datent de 1889 -  de 1897 à 1903, les cartes pionnières ont un dos à trois lignes réservé à l’adresse, la correspondance doit se faire du coté de la photo.  -  de 1904 à 1908, la correspondance est progressivement autorisée au dos de la carte. -  Avant 1910, les éditeurs utilisent du papier de chiffon  bien blanc. -  Après 1910, et surtout 1914, les éditeurs utilisent du papiers au bois, granuleux et le dos est vert.

Le timbre et le cachet

L’évolution du tarif d’affranchissement permet de remonter à la période de circulation d’une carte, car parfois le cachet manque ou est illisible. Attention cependant car certaines personnes peu scrupuleuses collent un timbre sans rapport sur une carte, par exemple pour cacher un défaut. Il faut vérifier que l’empreinte postale qui marque le timbre se poursuit en continuité sur la carte. Le cachet lui-même est important car il a quasiment valeur de preuve. Il indique le bureau postal, le département, la date et l’heure de levée. L’administration des Postes, par égard pur ses clients, apposait aussi un cachet à l’arrivée, sur le même principe mais avec un cercle tireté. On peut s’étonner aujourd’hui de la rapidité mise à rejoindre des bourgades lointaines en moins d’une journée.

année tarif normal 5 mots sans correspondance
1898 10 cts
1899 10 cts 5 cts
1909 10 cts 5 cts
1917 15 cts 10 cts 5 cts
1920 20 cts 15 cts 5 cts

Vignettes : Mouchon : allégorie Droits de l’homme, entre 1900 et 1901  Blanc : entre 1900 et 1924  Semeuse lignée : entre 1903 et 1939  Semeuse camée : de 1906 à 1939

La règle des 5 mots maximum pour avoir le demi-tarif a stimulé les imaginations. Un langage des timbres est né qui utilise les placement du timbre pour ajouter un message, parfois coquin d’ailleurs.

La correspondance

C’est le B-A-BA de l’étude d’une carte que de déchiffrer la correspondance. Elle est souvent datée du jour et du mois, parfois avec l’heure, mais l’année manque souvent car elle est évidente pour le destinataire. Notons que les mois de la fin de l’année, en -bre sont couramment notés par souci de rapidité en phonétique (7bre, 8bre) ou bien en abrégé (IXbre, Xbre, XIbre et XIIbre).

Nos sources

Ministère de la culture

Guides NEUDIN

ZEYONS Serge : Les cartes postales, Hachette, 1979 et extraits

Le Cartopole de Baud

CI DESSOUS FICHIER PDF Histoire complete de la carte postale illustrée

http://apr-philatelie.pagesperso-orange.fr/Pages/Articles/Expo%20Histoire%20CP.pdf

L’ histoire de la carte postale

1 - Les origines et la naissance de la carte postale.

1.1 Avant la carte postale. pages 2 à 3

1.2 La première carte postale officielle. pages 4 à 7

1.3 Les correspondances pendant la guerre de 1870. pages 8 à 12

1.4 L’adoption des cartes officielles dans le monde. pages 13 à 17

1.5 La carte officielle en France. pages 18 à 24

2 - La carte postale illustrée.

2.1 La naissance. pages 25 à 33

2.2 Les éditeurs. pages 34 à 37

2.3 Les illustrateurs. pages 38 à 40

2.4 Déclin et renouveau de la carte postale. pages 41 à 42

4 - Les procédés de fabrication. pages 43 à 48

Albert Thinlot (1914 - 1992) éminent cartophile donne la définition suivante « La carte postale est un imprimé sur un support semi-rigide destiné à un usage postal, pour une

correspondance brève à découvert ». Pour l’administration des postes françaises c’est « une feuille de carton suffisamment résistant dont la moitié droite au moins du recto est

réservée à l’adresse du destinataire. La mention carte postale n’est pas obligatoire sauf pour le régime international ».

Carte souvenir à dos non divisée. Expédié le 2 mars 1900 de Lyon pour Paris

1 - Les origines et la naissance de la carte postale

L’origine de la carte postale peut remonter aux cartes de voeux que l’on s’échange dès le

10ème siècle en Chine ou aux billets de visite qui se répandent à partir du règne de Louis

XIII, dont on trouve trace dans l’almanach de la petite poste de Paris en 1777.

L’utilisation de cartons illustrés gagne l’Europe, notamment de la part de commerçants

qui cherchent à se faire connaître.

Dès le début d’échange de correspondances à découvert se pose le problème du secret. Il

resurgira à l’avènement de la carte postale.

Un libraire de la Sarthe, Léon Besnardeau (1829 - 1914), aurait proposé, en 1870, aux

soldats de l’armée de Bretagne du camp de Conlie, bénéficiant de la franchise postale, des

cartes réalisées à partir de couvertures de cahiers découpées. C’est un article du Petit

Journal du 30 août 1902 qui révèle l’information, faisant peut-être de Léon Besnardeau

l’inventeur de la carte postale illustrée. Rien n’est moins sûr, aucune preuve ne vient

confirmer les faits.

LA SUITE COMPLETE ET ILLUSTREE , cliquez ci-dessus fichier pdf

1.1 Avant la carte postale

Vers 1840, des cartes commerciales sont éditées en Belgique par des négociants qui

impriment des textes publicitaires. Certaines ont pu circuler à découvert par

l’administration des postes à partir de 1856. Elles ne véhiculent aucun message personnel.

Elles sont imprimées en lithographie sur bristol recouvert de céruse pour lui donner un

aspect glacé, d’où leur nom de cartes de porcelaine.

Carte imprimée en lithographie par Garbotte frères à Namur. Publicité pour l’hôtel des postes à Dinant.

Devant le succès des cartes de porcelaines en Belgique, tous les éditeurs d’Europe se

lancent dans leur émission. Mais l’utilisation de la céruse se révèle dangereuse

provoquant le saturnisme qui atteint les fabricants de papier. Le papier porcelaine est

interdit en 1865.

Carte imprimée en lithographie par Vande Steene Frères, 1 bis quai du Bas Escaut à Gand. Publicité pour la maison Van

Petéchem fils de Lille.

En 1865, le conseiller d’Etat prussien, Heinrich VON STEPHAN, propose, lors de la 5ème conférence de l’Association allemande des postes à Karlsruhe, « un feuillet

cartonné de correspondance devant circuler à découvert ». Mais l’idée n’est pas retenue

1.2 La première carte officielle

Il faut attendre le 28 janvier 1869 pour que Emanuel HERRMANN (1838-1902),

professeur d’économie politique de l'Académie militaire de Vienne-Neustadt reprenne l’idée

et convainc l’administration postale autrichienne de l’intérêt de ce support. Il est alors

utilisé pour la première fois le terme de carte de correspondance (Correspondenz-karte).

Entier postal autrichien, à 1 schilling (basilique de Mariazell), émis en 1959, repiqué à l’effigie de Emmanuel Hermann pour

la commémoration des 90 ans de la naissance de la carte postale.

Entier postal de 1890 à 2 kreuzers à l’effigie de l’empereur François Joseph, émis le 26 janvier 1894, repiqué pour le

25ème anniversaire de la naissance de la carte postale par Emanuel Herrmann.

Le 1er octobre 1869, l’administration postale autrichienne émet la première carte postale.

C’est un rectangle de papier résistant dont le recto est imprimé d’un texte administratif

(correspondenz - Karte) et de la reproduction d’un timbre (c’est donc un entier postal); le

verso est réservé à la correspondance qui circule au grand jour. Son format est de

120 mm x 85 mm.

Ce fut un vrai succès, mais ce concept de carte postale ne séduit pas immédiatement le

reste de l’Europe. L’empire austro-hongrois étant constitué d’une mosaïque de peuples

utilisant des langues différentes, des modèles sont émis en illyrien, slave, ruthénien,

bohémien, italien et polonais.

Entier postal de 1869 à l’effigie de l’empereur François Joseph à 2 kreuzers, envoyé de Vienne à Vienne le 23 mai 1873.

Entier postal, à 2 kreuzers, émis en 1872 en bohémien, envoyé de Prague à Klabava par Rokitzan (actuellement en

république tchèque) le 24 avril 1875.

Le 1er juillet 1870 c'est la Confédération d'Allemagne du Nord qui édite des

"correspondenz karten". Ce fut un vrai succès, effectivement 45.000 cartes furent vendues

le premier jour.

Bien que la Grande Bretagne et la France s'indignent du manque de discrétion de ce

nouveau type de correspondance, la Hongrie, qui a sa propre administration postale,

emboîte le pas de son allié l’Autriche dès le 1er novembre 1869. Celle-ci comportait un

timbre de 2 kreuzer à l'effigie de François-Joseph et trois traits horizontaux étaient tracées

afin d'accueillir l'adresse du destinataire. La poste hongroise avait même pris la

précaution d'inscrire au verso une mention selon laquelle elle déclinait toute

responsabilité au sujet du contenu de la correspondance

1.3 Les correspondances pendant la guerre de 1870

Carte en bromure, cliché de l’Illustration, sigle ELD de Eugène Le Deley, « Grand Comptoir de la Carte Postale »,

127 bd Sébastopol Paris 2ème. Il a reproduit de nombreux documents anciens. Carte éditée vers 1906.

La ville de Strasbourg, assiégée par l'armée de Von Werder le 12 Août 1870, refuse de se

rendre. Le comité de Strasbourg de la Société de secours aux blessés, propose au général

prussien de laisser les blessés communiquer avec leur famille, mais aussi les assiégés. Le

général accepte à condition que les cartes soient affranchies d'un timbre prussien de 6

kreuzers. Ce courrier va d'abord se faire censurer à Karlsruhe puis transite par Bâle. Ce

sont les premières cartes à circuler en France.

Carte de la Société de secours aux blessés militaires des armées de terre et de mer, comité de Strasbourg. Adressée à

Clermont l’Hérault elle n’a pas été affranchie ni ne porte de cachet d’arrivée. Elle n’a pas dû être acheminée.

La ville de Metz est assiégée par les prussiens le 19 août 1870. Le pharmacien militaire

Julien Jeannel et le médecin E. Papillon proposent, le 2 septembre, au général Bazaine

d’envoyer du courrier écrit sur papier pelure (dimensions maximales 10 x 5 cm) par des

petits ballons gonflés à l’hydrogène. On surnomme ces plis « papillon de Metz » du nom

d’un des inventeurs. Ils ne devaient contenir que de la correspondance familiale.

Plusieurs milliers furent acheminés.

Carte souvenir moderne de 1980, portrait de Julien Jeannel peint par V. Wittdoeck. Cachet commémoratif du 25 octobre 1980 pour le 110ème

anniversaire de la naissance de la poste aérienne et son inventeur.

Copie d’un papillon de Metz : récupéré à Neufchateau dans les Vosges le 17 septembre 1870, il a été acheminé à

Plombières, cachet d’arrivée du 18 septembre 1870.

Pendant la guerre de 1870, d’autres villes assiégées font également preuve d’imagination

pour acheminer le courrier.

Le mot « carte postale » apparaît en France le 26 septembre 1870 dans un décret autorisant

l’envoi de courrier au départ de Paris au moyen de ballons non montés. Un seul

est lancé le 30 septembre 1870 à partir du boulevard d’Italie avec 4 kg de cartes postales (environ 1300 cartes). Le ballon ne fut pas retrouvé. Il n’y eut pas d’autre envoi à cause

de la concurrence des ballons montés (le premier, le Neptune décolle le 23 septembre).On ne trouve donc que des formulaires vierges. Il en existe de quatre couleurs différentes.

Formulaire de carte postale de couleur jaune pour envoi par ballon non monté, application du décret du 26 septembre1870.Quelques rares cartes seront acheminées par ballons montés. Le 7 octobre 1870, Léon

Gambetta, Ministre de l’Intérieur, quitte Paris assiégé en ballon. Le ministère se replie sur

Tours puis Bordeaux.

Carte à dos divisé, éditée par L. Boisson, 50 rue du Temple à Paris. Reproduction d’une gravure souvenir du départ de

Léon Gambetta à bord du ballon « Armand Barbès », le 7 octobre 1870.

L’administration met également en place par le décret du 10 novembre 1870 la

« dépêche-réponse ». La carte pose quatre questions d’ordre personnel. Elle est

acheminée par ballon. Les réponses par oui ou par non reviennent sur un microfilm

transporté par pigeon. Les cartes dépêche-réponse doivent être affranchies avec un timbre

à 5c bien évidemment à l’effigie de l’empereur déchu.

Formulaire de dépêche - réponse en application du décret du 10 novembre 1870.

François Frédéric Steenackers, directeur des Postes et Télégraphes organise, à partir du 4 novembre, le transport des dépêches par pigeon.. Dès le 20 septembre

le ballon « Ville de Florence » emmène 3 pigeons à son bord. A Tours puis Bordeaux, résidence du gouvernement, on équipe les pigeons de petits étuis contenant des « microfilms »

de 3 à 4 cm sur collodion. Les pigeons sont relâchés au plus près de Paris pour qu’ils puissent retrouver leur point de départ. Seule une cinquantaine arrivera à destination.

A l’arrivée, on place le collodion entre deux plaques de verre et on le projette sur grand écran à l’aide d’une lanterne magique. On recopie les textes qui sont acheminés aux destinataires.

Ces dépêches sont appelées « pigeongrammes » Pigeongramme envoyé par François Frédéric Steenackers, directeur des Postes et Télégraphes, au Général Trochu, gouverneur de Paris.

Fac-similé de la première carte éditée par Léon Besnardeau. Editions E.L.D. Eugène Le Deley (1905). Carte à dos divisé.

Fac-similé de la deuxième carte éditée par Léon Besnardeau. Editeur inconnu. Carte à dos divisée vers 1905.

Un libraire de la Sarthe, Léon Besnardeau (1829 - 1914), aurait proposé, en 1870, aux

soldats de l’armée de Bretagne du camp de Conlie, bénéficiant de la franchise postale, des

cartes réalisées à partir de couvertures de cahiers découpées. C’est un article du Petit

Journal du 30 août 1902 qui révèle l’information, faisant peut-être de Léon Besnardeau

l’inventeur de la carte postale illustrée. Rien n’est moins sûr, aucune preuve ne vient

confirmer les faits.

Tout comme l’Autriche, la Hongrie et l’Allemagne, d’autres administrations postales

émettent des entiers postaux cartes postales : le Luxembourg le 1er septembre 1870, la

Finlande, la Grande Bretagne, et la Suisse le 1er octobre 1870.

1.4 - L’adoption des cartes officielles dans le monde

Premier entier carte postale de Grande Bretagne, émis le 1er octobre 1870, tarif half penny. Expédié de Charing Cross à

Sunbridge, le 12 août 1871.

Entier carte postale de Finlande, émis en 1875, tarif 10 penni. Carte expédiée à Ekenäs (ville du sud de la Finlande) le

15 mars 1876.

Premier entier carte postale de Belgique émis le 1er janvier 1871, tarif à 5 centimes. Expédié de Soignies à Bruxelles,

le 4 décembre 1872.

Le 1er avril 1871, la Belgique et les Pays Bas, la Suisse et le Danemark acceptent la carte

postale et émettent des entiers postaux.

Premier entier carte postale des Pays Bas émis en 1871, tarif 2 1/2 cent. Expédié de Goes à La Haye (s’Gravenhage en

néerlandais), le 15 mars 1872.

Entier carte postale de Russie, émis en 1875, tarif 4 Kopecks. Expédiée de Varsovie, alors sous domination russe,

le 28 juillet 1876 pour Bruxelles. Cachet du bureau d’échange belge « RUSSIE EST 2 » du 5 août 1876.

Le 1er janvier 1872, la Russie, le Canada, la Norvège, la Suède introduisent la carte

postale sous forme d’entiers postaux.

Premier entier carte postal de Suède, émis en 1872, tarif 6 öre. Expédiée de Helsinski (la Norvège étant alors sous

domination suédoise) pour Göteborg le 30 septembre 1878.

Les Etats-Unis utilisent pour la première fois des cartes postale pré-timbrées le 13 mai

1873 à Boston, New York et Washington D.C. La France, le Japon et l’Espagne les

rejoignent en 1873. De nombreux des pays émettront, de par le monde, des entiers cartes

postales pour les correspondances à découvert.

Entier carte postale des Etats-Unis, tarif 1 cent. Expédiée de Stockbridge à New York, le avril 1875.

Entier carte postale du Japon de 1876, tarif 1/2 sen.

En 1878, l’Union Postale Universelle harmonise les règlements et les tarifs. Elle fixe le

format de la carte postale aux dimensions de 9 x 14cm et impose l’emplacement du timbre

en haut à droite Les cartes postales portent maintenant la mention Union Postale Universelle.

Le 15 septembre 1874, Heinrich von Stephan, alors directeur du service postal de la

Confédération d’Allemagne du Nord, organise, à Berne, la Conférence internationale de

la poste dans le but de créer une union postale internationale; 22 pays sont représentés. Le

traité de Berne du 9 octobre 1874 crée l’Union générales des postes, qui sera rebaptisée

« Union Postale Universelle » à Paris en 1878.

Entier carte postale du Luxembourg, émis le 16 août 1879, tarif 10c. Expédiée le 24 juillet 1881 de Luxembourg pour

Hayange (Bade-Wurtemberg).

Entier carte postale émis en 1879, tarif 1 penny. Expédiée de Londres le 26 juillet 1891 pour Zürich.

1.5 - La carte officielle en France

A l’occasion du vote du budget de l’exercice de 1873, Wolowski dépose un nouvel

amendement proposant la création de la « carte postale ». Il obtient le soutien de

Germain Rampont, directeur général des Postes qui a changé d’avis impressionné par le

succès de la carte à l’étranger. L’amendement est adopté et devient l’article 22 de la loi

de finances du 20 décembre 1872.

La carte postale, vendue avec son timbre, présente pour la poste l’avantage du port dû,

car il existait encore deux tarifs selon que la lettre était timbrée ou non.

On se demande pourquoi Wolowski n’a pas proposé de créer un entier postal comme

l’on fait les pays qui ont émis des cartes postales officielles.

En 1871, le député Louis François Wolowski s’oppose aux orientations du ministre des

finances Augustin Pouyer-Quertier qui veut, pour faire rentrer de l’argent dans les caisses

de l’état, augmenter les tarifs postaux. Il propose au contraire de favoriser la

correspondance en baissant les tarifs comme viennent de le faire de nombreux pays

européens, espérant ainsi augmenter le volume du courrier. Dans la foulée, il dépose un

amendement destiné à créer la « poste carte », qui fait fureur dans d’autres pays. Son

amendement est rejeté.

Essai de carte postale selon Wolowski, pour un tarif de bureau à bureau de 15c.

La seconde d’allure similaire, différenciée par un seul emplacement pour un timbre à

15c, est destinée à circuler de bureau à bureau. C’est un succès. Dans la première

semaine, 7 412 700 cartes sont vendues.

La première destinée à circuler à découvert en France et en Algérie dans l’intérieur d’une

même ville ou dans la circonscription d’un même bureau. Un emplacement à droite est

réservé pour recevoir deux timbres à 5c car il n’existe pas alors de timbre à 10c.

Première émission de carte postale officielle française, tarif à 10c pour un même bureau, réalisée par le procédé de

typographie. La carte est vendue avec le timbre qui est sensé être collé par le postier.

Le 15 janvier 1873, les deux premiers modèles de cartes postales officielles françaises

apparaissent dans les bureaux de poste. Leurs dimensions sont 120 x 78 mm.

Première émission de carte postale officielle française, tarif à 15c de bureau à bureau. Carte expédiée de Béziers pour

St Just en Chaussée (Oise), le 21 janvier 1873.

Entre janvier 1873 et juin 1878, 38 modèles de cartes différentes sont émis. Comme on

avait supprimé, dans les tirages de fin janvier et début février 1873, l’indication de la

valeur du timbre à coller dans la case prévu à cet effet, les usagers ont réclamé de voir

apparaître en clair la valeur du tarif, demande étonnante car la carte devait être vendue

avec le timbre.

L’imprimerie nationale édite deux nouveaux modèles avec les frises d’origine. Pour la

première fois apparaît un différence de couleur du papier. Le 10c est sur du papier

chamois, le 15c sur du papier blanc.

Les autres modèles se différencieront soit par la frise, soit par les dates d’émission qui

apparaissent en bas à droite sous la frise, à l’exception de ceux émis à partir de 1876.

Carte émise en février 1873 au tarif 10c. Expédiée de Paris Les Batignolles pour Paris (rue d’Enfer), le 4 juillet 1875.

Carte émise en février 1873 au tarif 15c. Expédiée de Lyon Les Terreaux pour Paris, le 14 décembre 1873.

En novembre 1875, l’administration postale parvient à simplifier les cartes postales. Elle

crée un modèle unique pour les deux tarifs, 10c pour la même ville, 15c de bureau à

bureau. Par la même occasion, on y a ajouté les tarifs des envois à l’étranger, 15c ou 20c

suivant la destination. Comme l’impression sur deux papiers de couleur différente ne

s’impose plus, toutes les cartes deviennent blanc-jaunâtre-brun.

Carte émise en décembre 1877. Affranchie par un type sage au tarif de 15c pour la Suisse. Expédiée de Lyon pour Genève

le 16 mars 1878, cachet d’arrivée de Genève du 17 mars 1878.

Carte émise en juin 1877. Affranchie par un type sage au tarif de 10c pour la même ville (Lyon). Expédiée le 17 avril 1878,

avec cachet d’arrivée « 1 - Lyon - 1 » du 18 mars 1878.

A l’occasion de la loi du 6 avril 1878 instituant un tarif unique à 10c pour les cartes

postales, l’administration postale décide d’émettre des entiers postaux à 10c au type Sage

noir sur carton violet pour la France et l’Algérie. Un entier à 15c bleu sur carton

vert-jaune est émis pour l’étranger. Leur format est celui adopté par le Congrès mondial

de l’U.P.U. de Paris, le fameux format 9 x 14 mm.

Cette baisse des tarifs et surtout la possibilité d’envoi de carte postale au tarif « imprimé »

à 1c, sans correspondance, va faire exploser la carte postale. Le trafic va doubler entre

1873 et 1884, passant de 16 à 30 millions par an.

Le 1er juillet 1879, l’administration introduit la carte postale pour réponse payée, vendue

20c. Le feuillet est double avec une seconde carte à 10c pour la réponse une fois détaché.

Entier carte postale type Sage à 10c. Expédiée de Luxeuil le 31 janvier 1879, pour St Loup sur Semouse (arrivée le 1er

février).

Entier carte postale au type Sage à 10c avec volet carte réponse (oblitération du 13 mai 1793 de Joigny).

Jusqu’en 1875, la carte postale reste un monopole de l’Administration des Postes, mais les

commerçants s’en saisissent en y imprimant des publicités au verso. Les cartes postales

qui voyagent, sont un excellent support publicitaire. La belle Jardinière est la première à

éditer ainsi sa publicité dès 1873.

Carte émise par l’éditeur Contal, 21 bld de Sébastopol, Paris, portant un modèle de publicité au

verso. Expédiée de Lille pour Douai au tarif de 15c de bureau à bureau, le 17 juin 1875.

Carte repiquée pour une publicité d’un armateur. Expédiée de Marseille pour Charavines (Isère)

au tarif de 15c de bureau à bureau, le 5 décembre 1877.

Les commerçants repiquent des cartes postales officielles pour leur correspondance, leur

commandes, leurs factures, ...

Comme il est peu commode pour les utilisateurs commerciaux de repiquer les cartes

postales officielles une par une, les particuliers demandèrent à pouvoir imprimer leurs

propres cartes en planches. L’arrêté ministériel du 7 octobre 1875 applicable au

26 octobre autorise l’industrie privée à fabriquer et à mettre en vente ses propres cartes.

En 1883, un décret autorise l’impression d’illustration sur les cartes postales

Carte illustrée du « Sténographe Duployé », méthode de sténographie. Expédiée le 5 juin 1883 de Marmande pour

St Quentin (Lot et Garonne), affranchie à 10c.

Carte postale de la Société Métallurgique de Champigneulles (Meurthe et Moselle). Affranchie à

10c, expédiée de Champigneulles le 25 mai 1889 pour Grenoble (arrivée le 25 mai).

2 - La carte postale illustrée.

2.1 La naissance.

En 1889, lors de l’exposition universelle de Paris, le dessinateur Léon-Charles Libonis

(1841 - 1901) réalise la première série de cartes touristiques illustrées avec cinq cartes

postales de la Tour Eiffel. La Société de la Tour Eiffel en édite 300 000 exemplaires

qu’elle vend à partir du mois d’août 1889. Avec elles, la carte postale rentre dans son âge

d’or qui va durer jusqu’en 1920.

Carte Libonis, expédiée de Paris à Paris le 28 août 1889, affranchie à 10c, oblitérée du cachet de l’exposition universelle.

Carte Libonis, expédiée de Paris à Singapour, le 27 octobre 1891, affranchie à 10c, cachet d’arrivée du 25 novembre 1991.

L’illustration permet la parution de nombreuses cartes commémoratives.

Carte commémorative de l’exposition universelle de Lyon de 1894. Affranchie au type Sage à 10c, elle a été expédiée de

Lyon Guillotière, le 30 juin 1894, pour Bordeaux. Cachet d’arrivée « Bordeaux arrivée » du 4 juillet 1894.

Carte émise par les éditions Bellavoine pour la visite à Paris du tsar Nicolas II et de la tsarine du 5 au 9 octobre 1896.

L’événement majeur de la visite a été la pose de la première pierre du pont Alexandre III face aux Invalides, scellant les

bonnes relations entre la Russie et la France.

De nombreux commerçants émettent des cartes postales illustrées pour promouvoir leurs

activités. Ces cartes sont soit purement descriptives soit peuvent être artistiques comme

les séries émises par les magasins de « La Belle Jardinière » à Paris.

Carte postale commerciale imprimée par l’imprimerie générale à Grenoble, pour la maison Drevon & Drevet à Lyon,

grande fabrique de vêtements.

Carte émise par les magasins de « La Belle Jardinière », de la série la mode 1900, imprimée par J. Minot, 34 rue des

Martyrs à Paris.

La première carte illustrée photographie est l’oeuvre de Dominique Piazza (1860 -1941) , emp lo yé de commerce marseillais. Il a trouvé la solution pour réduire des clichés et en

faire tenir trois sur un format carte postale pour les envoyer à découvert à un ami en Amérique. Il n’a aucune revendication de photographe, il se contente d e r e p r o d u i r e d e s

photographies qu’il achète.Les premières séries de cartes paraissent le 4 aout 1891. Son initiative est reprise par de nombreux imprimeurs et éditeurs. La carte postale prend alors une autre

dimension avec une illustration photographique. Carte postale moderne de 2009, éditée par HC éditions à Paris, reproduisant la page de garde du livre « Un destin marseillais »

consacré à Dominique Piazza.

Jusqu’en 1904, le recto (dos) n’est pas divisé. Trois ou quatre lignes horizontales sur toute la largeur de la carte permettait d’inscrire l’adresse du destinataire. La photographie

au verso ne recouvrait pas la totalité de l’espace pour permettre un espace dédié à la correspondance. On parle de cartes « nuages » .

Carte « nuage » de la cathédrale St Jean de Lyon. Phototype de l’éditeur Neurdein.

Expédiée de Lyon Guillotière pour Constantinople le 24 novembre 1996.

Recto non divisé d’une carte « nuage » Carte de Bourges. Phototype de l’éditeur

Neurdein. Expédiée de Sully sur Loire le 20 juillet 1899 pour Paris, cachet d’arrivée Paris

du 21 juillet.

Le 20 novembre 1903, l’administration des postes françaises décide de diviser

le recto de la carte postale en deux parties, celle de droite réservée à l’adresse

du destinataire, celle de gauche destinée à la correspondance. Quant au verso, il

est entièrement consacré à l’illustration. La face du recto est en papier de

chiffon blanc.

Carte à dos divisé, affranchie à 10c, expédiée le 2 avril 1908 de Lyon Préfecture à Gex (arrivée le 3 avril).

Carte à dos divisée, rue de la République à Lyon, probablement émise par l’éditeur Berthaud frères, 29 rue Cadet à Paris

9ème. En effet le sigle du B.F. et le rameau fleuri peut être attribué à plusieurs éditeurs potentiels.

Carte à dos divisé de papier vert du début du siècle. Affranchie à 5c, tarif du 1er janvier 1901,

expédiée de Lyon Guillotière pour Cluny (Saône et Loire). Editeur Lévy Fils et Cie (sigle L.L.)

Carte postale de Lyon St Jean, à dos vert divisé de 1920, papier granuleux, éditée par E. Reby, rue

Jacquard à Lyon (activité de 1909 à 1920). Expédiée le 30 août 1920, affranchie à 15c, tarif du 1er

janvier 1917, de Lyon Lafayette pour Auxonne (Côte d’Or).

Le support de la carte postale est composé, le plus souvent, de trois feuilles de papier

collées. Dès le début de la Grande Guerre, les éditeurs pour faire des économies utilisent

pour le recto un papier au bois de couleur verte. La date d'apparition des " dos verts "

varie de 1914 à 1920 environ, selon les régions et les éditeurs. Il ne faut pas confondre

ces " dos verts ", au papier mat, granuleux, avec ceux du début du siècle, de meilleure

qualité, paraissant satiné.

La photographie inventée en 1829 connaît un immense succès. Obtenue en exemplaire

unique et non reproductible, elle est fragile. En 1880, le procédé au gélatino bromure

permet de la reproduire. Ce sont les photographes qui, en premier, vont donner son essor

à la carte postale. Outre Dominique Piazza, Giletta à Nice, Neurdein à Paris, Bergeret à

Nancy vont reproduire des milliers de photographies

Carte à dos non divisé de Neurdein. Les frêres Neurdein sont parmi les meilleurs artistes photographes français du début du

siècle. Ils commercialisent leurs cartes postales sous la marque ND ou ND Phot.

Carte postale à dos divisé éditée par le photographe Jean Giletta, 5 rue Michel Ange à Nice. Il a été le premier éditeur de la

Côte d’Azur à partir de 1896.

On doit les plus belles cartes postales à des photographes anonymes qui ont reproduit des

photos de famille, des scènes de la vie courante,… que l’on appellent « cartes photos ».

Les photos sont développées directement sur du papier photographique, tels ceux vendus

par la société Lumière à Lyon.

Carte photo bromure développée sur papier Lumière. Carte postale à dos divisé représentant un scène de famille à la

campagne.

Carte photo bromure développée sur Papier Lumière. Carte postale à dos divisé, affranchie à 5c (tarif paru au B.M. du 1er

janvier 1901, officialisé par la directive du 22 mars 1902, admis pour les cartes postales illustrées), expédiée de Lyon Gare

le 7 juillet 1908 pour Villeurbanne.

2.2 - Les éditeurs.

Le succès de la carte postale est tel, que c’est par milliers que l’on peut

dénombrer le nombre des éditeurs. Les pionniers, souvent photographes, grâce

au développement de la phototypie, comme Neurdein, Bergeret, Royer, Lévy

produisent quotidiennement des dizaines de milliers de cartes.

Une des premières cartes postales (1896) en phototypie de Neurdein Frères, éditeur à Paris, 52 avenue de Breteuil. Elle

porte la marque « Imp. Photographique Neurdein Frères Paris ». Puis la marque de cet éditeur devient ND ou ND Phot.

Etienne Neurdein édite plus de 60 000 cartes postales différentes jusqu’à la fusion avec son concurrent Lévy Frères en août

1922. Les cartes ND comptent parmi les plus belles de France.

Carte postale en phototypie (1900 - 1903) de l’imprimeur Paul Royer, 3 rue de la Salpêtrière à Nancy. Fondée par Jules

Royer en 1868, l’imprimerie produit dès 1886 des cartes postales en phototypie. En 1905 elle emploie 250 ouvriers et

produit plusieurs millions de cartes annuellement.

Carte postale (1900 - 1903) en phototypie de l’éditeur Bergeret & Cie à Nancy. Photographe, formé chez Royer, Albert

Bergeret s’installe en 1898 à Nancy. On lui doit le développement commercial de la phototypie. Il emploie 100 ouvriers en

1900, 250 en 1904. Sa production principale est consacrée aux fantaisies et surtout aux séries humoristiques.

Carte postale éditée par Lucien Lévy et fils, marque L.L. Très grand éditeur parisien, domicilié 44 rue Letellier. Il couvrit

toute la France avec quelques 25 000 clichés de cartes postales, en seconde position derrière Neurdein. Associé à Neurdein

au début du siècle, ils se séparent pour s’unir à nouveau en 1922.

Les cartes postales des grands éditeurs sont pour la plupart dues à quelques artistes qui

ont sillonné toute la France pour ramener des clichés parfois inédits.

L’exposition Universelle de 1900 inaugure l’ère de la production massive et marque

l’explosion de l’usage de la carte postale. La production annuelle passe de 100 millions

en 1910 à 800 millions en 1914. Les correspondances vont de la simple salutation (tarif

réduit pour 5 mots), à des souvenirs d’excursion, à des simples nouvelles, à des échanges

amoureux,….

Carte postale à dos divisé, éditeur inconnu. Une classe primaire au début du 20ème siècle (postérieure à 1903).

Si au début la carte postale est utilisée pour correspondre par les couches sociales aisées,

l’engouement pour la carte postale est d’autant plus fort que depuis les lois Jules Ferry

l’alphabétisation est en progression.

Carte postale à dos non divisée de l’éditeur Neurdein, éditée pour l’exposition universelle de 1900 à Paris.

Quelques exemples de cartes photographiques.

La carte postale photographique aborde tous les thèmes, cartes commémoratives (exposition internationale de 1914à Lyon), cartes touristiques

(Place Bellecour à Lyon, vallée de l’Ubaye), cartes de scènes de la vie courante,….

2.3 - Les illustrateurs.

La carte postale doit également ses lettres de noblesse grâce aux illustrateurs. Ils ont

trouvé là un support idéal pour exprimer leur art. OEuvres d’art, dessins de mode, cartes

patriotiques pendant la grande guerre, humour, satyre, tous les thèmes sont représentés.

Carte à dos non divisé (environ 1900) illustrée par Alfons Mucha. Artiste tchèque, il vient à Paris en 1887, où il réalise de

nombreuses affiches publicitaires, notamment en 1894, l’affiche pour la pièce Gismonda avec Sarah Bernard. Son style

délié, parfois surnommé style « nouille » lui vaut une belle renommée. Ses cartes sont, pour la plupart, des reproductions de

ses affiches.

Jack Abeillé, dessinateur, affichiste et humoriste, se fait connaître par la publication des séries de cartes postales de scènes

parisiennes. Carte postale à dos non divisé, reproduisant l’oeuvre « l’hiver » de 1898.

L’illustrateur Auguste Roubille, peintre et caricaturiste, militant révolutionnaire, a une production abondante pour la carte

postale. Il participe à toutes les grandes séries de cartes postales, notamment la collection des Cent (gendarme et grande

élégante), série de 98 dessins avec la participation de 92 illustrateurs, publiée en le 1er novembre 1901 et début 1904. Carte

à dos divisé pour franchise militaire (1914 - 1918), éditée par les Ateliers A.B.C. à Paris.

Germaine Bouret, ancienne dessinatrice de mode, croque le monde enfantin, sur place, square Séverine dans le

20ème arrondissement de Paris. Ses premières cartes remontent à 1929. On trouve ses dessins dans la presse

enfantine, en publicité, sur les calendriers et en quantité énorme en cartes postales.

Peu d’illustrateurs étaient spécialisés dans la carte postales. Ce sont des artistes qui ont

une activité en peinture, en gravure, en dessins d’affiche, en dessins de presse, en

illustration de livres dont la collaboration à la carte postale peut apparaitre « alimentaire ».

Carte artistique avec le peintre Paul César Helleu, carte patriotique avec Roger Bréval, carte humoristique avec Francisque Poulbot et ses titis

parisiens, carte satyrique avec le caricaturiste Abel Faivre.

Quelques cartes d’illustrateurs.

2.4 - Déclin et renouveau de la carte postale.

Après la première guerre mondiale, la carte postale connaît une éclipse. Les tarifs

deviennent dissuasifs (15c en 1917, 20c en 1920, 40c en 1926), les productions sont de

moindre qualité. Les vues sont souvent imprimées en couleur bleue ou en couleur sépia.

Carte sépia des années 1930, éditée par A. Béguin, avenue du J.B. Bulot à Vichy, spécialisé dans le thème Auvergne

pittoresque. Vue de la source de l’hôpital de la source Vichy.

Carte bleue des années 1920, imprimée par Potonniée Frère, 3 cité Bergère, Paris, série des Editions Artistiques LIP, « Paris

et ses merveilles ». Expédiée le 22 juin 1926 de Paris rue Danton pour Aix en Provence, affranchie à 30c, tarif du 1er mai

1926.

Dans les années 50, les cartes deviennent brillantes à bord dentelé au format 10.5 x 15

cm. Le procédé de reproduction utilisé est alors le bromure. Il faut attendre les années 60

pour la reprise de la création et l’utilisation du procédé offset.

Carte des années 50, de St Gildas de Rhuys (Morbilhan) édité par les éditions artistiques, 40 rue de Coutances à Granville.

Depuis la fin des années 1970, on constate chez les éditeurs un renouveau des sujets

proposés : cartes multivues, cartes humoristiques, recours à des photos célèbres,

reproduction d’affiches, tableaux de maîtres, paysages sublimés qui relancent le marché.

Carte moderne, multivues, de St Céré (Lot), collection « les authentiques et les imaginaires »

3 - Les procédés de fabrication

Plusieurs techniques d’impression furent utilisées depuis l’origine de la carte postale

jusqu’à nos jours. Les premières cartes officielles sont imprimées en typographie, procédé

utilisant les reliefs qui sont recouverts d’encre.

La technique la plus utilisée au début est la phototypie, brevetée par Alphonse Poitevin en

1855. Elle donne un cliché d’une excellente qualité. Le passage de la lumière à travers les

parties transparentes du négatif (plaque de verre) noircit le papier sensibilisé par du

bromure d’argent. Ce procédé permit la reproduction industrielle.

Carte à dos non divisé, d’une série dédiée à la fabrication de la carte postale émise par Charles Collas, photographe et

imprimeur à Cognac de 1894 à 1924.

Carte à dos non divisé reproduite par photypie par l’éditeur Jules Royer à Nancy. Expédiée de Nancy pour Luxeuil le 9

septembre 1901.

Pour la coloration des phototypes, soit on utilise autant de plaques que de couleurs

utilisées, soit on a recours à un coloriage manuel (cartes aquarellées à la main ou au

pochoir, puis éventuellement vernies).

Carte à dos non divisée, reproduite par phototypie, coloriée, éditée par E Lacour 19 rue Thubaneau à Marseille. Spécialiste

des cartes de Marseille à partir de 1897, on lui doit des reproductions d’une très grande finesse. Son activité se poursuit

jusqu’en 1908.

L’héliotypie est dérivée du procédé créé par Alphonse Poitevin. L’impression se fait à la

presse sur une pierre lithographique enduite d’une couche de gélatine. Il sera utilisé jusque

dans les années 30 pour l’impression d’illustrations comme les cartes postales.

Carte à dos divisé, reproduite en héliotypie, éditée par A. Bourdier à Versailles. Expédiée de Versailles à Paris le 28 avril

1910, affranchie à 5c (tarif de décembre 1909 pour « 5 mots quelconques »).

L’héliogravure, inventée en 1875 par Karl Klietsch, est un procédé de gravure en creux

sur cuivre. Le cylindre en cuivre gravé est encré d’une encre fluide, puis essuyé. L’encre

restant dans les creux est appliquée sur le papier. On reconnaît ce procédé aux grandes

oppositions entre ombres et parties claires.

Carte suisse à dos non divisée, éditée par la société d’héliogravure de Montreux.

L’oranotypie est un procédé d’impression rotatif au bromure en grande série créé par

Arthur Black en 1904. Sa société « Neue Photographische Gesellschaft » à Sterlitz

(Berlin) développe le processus de pigment NPG et crée la production au kilomètre. Elle

imprime des millions de cartes postales de 1894 à 1948.

Carte à dos divisé reproduite en oranotypie, Affranchie à 5c (tarif 5 mots), elle est expédiée de Creil à (Livry) Gargan (alors

en Seine et Oise), le 17 août 1906

La bromotypie ou bromographie, est un procédé de tirage rotatif industriel de

photographie positive sur papier au bromure d’argent. Il se développe à grande échelle à

partir des années 30 jusqu’à l’apparition de l’offset dans les années 60.

Carte à dos divisé, reproduite en bromotypie par B. Gautreau, photographe de Langon (Landes). Expédiée de Sabres pour

Dax le 2 avril 1910.

L’anglais Raphaël Tuck invente un procédé proche de la chromolithographie dit « olio »

permettant l’impression imitant la peinture à l’huile. La surface en relief obtenue imite les

coups de pinceaux de la peinture à l’huile.

Carte reproduite par le procédé anglais dit « Olio », breveté par la maison G.A. & co, 13 Gray’s Inn road à

Londres.

D’autres procédés plus originaux sont développés, le collage, le gaufrage, la sérigraphie,

les cartes à système, les cartes timbres, les cartes en celluloïd,…..

A partir de 1960, les imprimeurs utilisent le procédé offset pour la production des cartes

postales. C’est une amélioration de la lithographie, la pierre étant remplacée par une plaque

cintrable adaptée à un cylindre. Ce procédé fournit des produits de qualité à moindre

coût.

Carte moderne reproduite en offset, éditée par Trolliet & fils, 36 rue Victor Hugo à Lyon.

Carte montage fantaisie, éditée par J.C. à Paris, spécialiste de cartes fantaiise. Affranchie à 5c, adressée à Montataire

(Oise).

Carte à dos divisé réalisée par gaufrage. Affranchie à 10c (tarif du 13 novembre 1899, applicable à la carte

illustrée), expédiée de Sour (Eure et Loir) à Versailles, le 24 août 1905.

Carte timbre édité par Ton Tak & co (Chine) Carte Celluloïd


Mise à jour septembre 2007

L'ultime voyage vers les Terres Immortelles

 

       au-delà des mers, aux Havres gris,

 

                      Cap sur le port de Mithlond !

Couverture memoire vive 1

                                                                         "L'homme pressé est déjà mort" proverbe marocain